A la rencontre de Zayneb et de sa fille Hajar

Leçons ’particulières’ à l’Athénée Fontaine l’Evèque (1979)

Un professeur bien particulier sévit à Fontaine l’Evêque : c’est un fasciste, et fier de l’être. Il publie un petit journal : l’HAMIATI (intérêt du citoyen) et est affilié à la Ligue Civique belge, organisation « apolitique » qui a des idées politiques fort précises. La ligue civique s’en prend aux travailleurs immigrés, responsables, comme il se doit, du chômage, et de tous nos maux.
Pour exemple, un extrait de l’HAMIATI’ N°7 de janvier 1979 : « Aux fanatiques fontainois de l’Enrico. Comme leur idole, ils devraient consulter les textes.
Dans la chanson « Les Etrangers », E. Macias chantent : « Ils construisent des maisons qu’ils n’habitent jamais ». Ils découvriraient que les Maghrébins qui fournissent 6,6% des travailleurs du bâtiment se voient attribuer 13% des logements HLM et 20% des aides à l’habitat. Il a l’air malin, Macias, avec sa chanson. Vu de là, Enrico, c’est pas des problèmes pour toi, ça ! ».

Plus loin, on explique comment l’ immigration intensive provoque le chômage et la crise, et évidemment on exige un réferendum sur l’expulsion des travailleurs immigrés. Ce rédempteur, a la tête de prophète charismatique (il publie sa photo à côté de l’intitulé du journal) est un prof de mécanique qui a dans sa classe un bon nombre d’élèves immigrés. Pendant les cours, il ne cesse de les culpabiliser, il a même fait mettre des croix sur leur cahier pour les distinguer des autres. Partisan d’un régime fort en Belgique, il le fait déjà régner dans sa classe. Ses exactions restent impunies. A part quelques réactions isolées, les professeurs sont passifs (au nom du respect de la liberté d’expression) et le préfet n’ose agir alors que, manifestement, cet enseignant est dans la plus complète illégalité : il est déjà allé jusqu’à faire agrafer son journal, en classe, par les élèves... Abusant de son pouvoir de professeur, il terrorise, en classe, les élèves. 3 ou 4 d’entre eux ont déjà quitté l’établissement, dégoûtés par les vexations.

Le racisme et la xénophobie gagnent du terrain en Belgique (depuis les dernières élections, les gens d’extrême droite ont deux sièges au Parlement (1 Vlaamse Blok, l’autre UDRT). La crise économique, politique, celle des institutions, et le cortège de gouvernements démissionnaires font renaître des aspirations au régime fort, musclé, autoritaire. Ces opinions se répandent dans les masses, les partis institués, les syndicats et par la grande presse.

Le journal le plus lu à Charleroi est « La Nouvelle Gazette », de tendance libérale. Régulièrement, le journal rend compte de procès où sont impliqués des immigrés, en insistant lourdement sur leur nationalité. Dans leurs commentaires internationaux, le racisme est latent aussi. Sur l’Iran, dans la « Nouvelle Gazette » du 25 janvier 1979, p.2, un journaliste écrit : « La corruption ? Elle est insolite dans les mœurs iraniennes (et asiatiques) en général. Bien sûr, le Jaune est corrompu, l’Arabe cruel, le Noir... » etc.

De tels schémas crétinisants, rabâchés quotidiennement, à petites doses, ont un effet indéniable sur le lecteur. Ce racisme là, quotidien, ordinaire, a droit de cité dans les médias, et vient à l’aide des pitreries ridicules du professeur de Fontaine l’Evêque, et prépare des lendemains troubles....

(transmis par un abonné de la région de Charleroi)