A la rencontre de Zayneb et de sa fille Hajar

Lettre du MARX aux Bourgmestres bruxellois (1983)

Le MRAX s’est déjà adressé une fois solennellement aux membres de la Conférence des Bourgmestres pour les exhorter à aborder les problèmes de l’immigration d’une façon plus conforme à la raison et à la démocratie.
Cet appel n’a pas été entendu. A la veille d’une nouvelle réunion annoncée pour le 16 mars et alors qu’un projet de décision commune, préparé par la commission Simonet est rendu public et , semble-t-il, inspire déjà la pratique de certaines communes, nous lançons un nouveau cri d’alarme.

Monsieur le Bourgmestre,

A la veille de la Conférence des Bourgmestres de l’Agglomération bruxelloise, annoncée par la presse pour le 16 mars et au cours de laquelle vous vous prononcerez sur des mesures envisagées en ce qui concerne notamment l’inscription des immigrés aux registres de la population, le MRAX tient à attirer votre particulière attention sur l’importance fondamentale de la décision que vous prendrez en cette circonstance.

En effet, elle ne manquera pas de connaître un retentissement dans le pays, bien au-delà des limites de l’Agglomération bruxelloise, et, de surcroît, elle engagera quant au fond la question de la responsabilité des élus locaux dans le respect de la loi qui est et reste la base de notre démocratie.

D’autre part, au plan de la vie quotidienne, toute mesure de caractère xénophobe créant une forme de discrimination entre habitants d’une même commune, ne pourrait que renforcer un sentiment d’insécurité et de rejet de la composante belge vis-à-vis de la composante immigrée de cette population.

Autant il paraît légitime que des bourgmestres veuillent en appeler aux pouvoirs supérieurs pour obtenir une aide dans la solution de problèmes spécifiques qui concernent le pays tout entier, mais grèvent en fait tout particulièrement leurs propres moyens financiers, autant il serait néfaste de les voir prendre des mesures de caractère xénophobe, à l’encontre de la loi du 15 décembre 1980 sur l’organisation des conditions de séjour des étrangers - dans son esprit sinon dans sa lettre - et de manière à faire pression, qu’on le veuille ou non, sur le Législateur, pour l’amener à modifier ladite loi.

Une telle pratique, dont il existe un précédent en matière de recensement de la population, loin de servir les institutions démocratiques, en compromettrait gravement le fonctionnement.

Du reste, dans cette hypothèse,il serait justifié de se demander quel crédit pourrait s’attacher aux protestations que ces mêmes autorités élèveraient à l’avenir contre les atteintes aux droits de l’homme dans le monde.

L’essentiel n’est-il pas de les faire respecter d’abord chez soi ?

Le MRAX veut faire confiance à votre sens des responsabilités vis-à-vis de l’ensemble de la population de votre ressort comme vis-à-vis des structures démocratiques dont vous êtes un maillon important, et il vous remercie d’avance de votre bonne attention.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Bourgmestre, l’expression de notre haute considération.

MRAX