Collectif d’associations pour :
* le statut juridique des étrangers
* le droit de vote communal
la loi contre le racisme
OBJECTIF 82, collectif regroupant 73 organisations belges et immigrées, apprend avec indignation la démarche effectuée par le bourgmestre de Bruxelles, Monsieur Van Halteren auprès du Ministre de la Justice pour lui demander de limiter le nombre des immigrés dans sa ville.
Dans la situation actuelle de crise économique et de malaise social, le bourgmestre de Bruxelles, oubliant qu’il est le premier magistrat de tous les Bruxellois - y compris de ceux qui n’ont pas la nationalité belge- préfère prendre la voie facile et démagogique de la discrimination, non seulement entre Belges et étrangers, mais aussi entre immigrés de diverses origines. Sa démarche insolite joue sur un racisme latent et ne peut que le renforcer.
El1e ne peut aussi qu’augmenter l’insécurité qui pèse lourdement sur la vie des immigrés. Alors que l’accord gouvernemental laisse espérer un vote rapide d’un nouveau statut de l’étranger, M. Van Halteren exhume à la hâte un article de la loi de 1952 qui n’a jamais été appliqué et que la nouvelle loi ne reprend pas. Si par malheur le Ministre de la Justice devait le suivre, c’est un nouveau moyen de coercition, une nouvelle discrimination antidémocratique qui viendrait aggraver une conjoncture déjà suffisamment défavorable.
Une fois de plus apparaît la précarité de la condition des immigrés dans les communes, aussi longtemps qu’en l’absence des droits de vote et d’éligibilité, ils n’auront aucune participation et aucun poids politique. Dans cette occurrence, l’ignorance totale dans laquelle a été laissé le Conseil Consultatif des Bruxellois n’ayant pas la nationalité belge prend un caractère presque injurieux ( il est vrai que le Conseil communal et même le Collège échevinal n’ont pas été d’avantage consultés) ; en tout cas elle démontre le peu d’importance que l’on donne aux Conseils consultatifs.
La démarche du bourgmestre de Bruxelles va directement à l’encontre des trois objectifs que nous considérons comme les conditions nécessaires pour qu’en notre pays les immigrés soient respectés comme des hommes à part entière et que la voie soit ouverte vers le dialogue et la construction d’une société pluri-ethnique et fraternelle.
Dans le cadre de la journée-rencontre organisée par le Conseil Consultatif des Bruxellois n’ayant pas la nationalité belge le samedi, 7.6.1980, et au cours des discussions qui ont eu lieu dans différents groupes, l’accent a été mis surtout :
– sur la stratégie globale à observer pour atteindre « l’objectif 82 ».
– sur le fait que l’objectif 82 semble bien loin, mais qu’il faut continuer la lutte ensemble sans désemparer.
– sur la sensibilisation et l’information de l’opinion publique belge afin d’obtenir un consensus favorable.
En outre, un des groupes de travail, dans sa synthèse :
– a désiré assurer une information objective et efficace et soutient à cet effet l’initiative du Conseil consultatif des Bruxellois n’ayant pas la nationalité belge, de demander aux principaux journaux d’ouvrir leurs colonnes aux immigrés. Il a proposé de prendre contact avec le Centre de Production de Bruxelles de la RTBF /BRT (radio et télévision) afin que certaines émissions puissent être réalisées en collaboration étroite avec les Conseils consultatifs des Immigrés et autres associations d’immigrés.
– a souhaité que les CPLS soient à l’écoute de toute la population sans tenir compte de la race, de la religion, de la couleur de la peau ou sans que les sentiments de l’agent chargé de l’enquête individuelle transparaissent dans son jugement.
Il a rappelé à cet égard que toute décision du CPAS peut faire l’objet d’un recours auprès du Gouvernement provincial.
– a souhaité que d’une façon générale, des mesures soient prises pour que les textes légaux reçoivent une interprétation identique par tous les services publics.
Les mesures collectives doivent être publiées officiellement et les instructions individuelles doivent être expressément motivées par écrit aux intéressés.
Les administrations communales devraient en toute circonstance, et en particulier vis-à-vis des étrangers non C.E.E. et des nouveaux arrivants, remettre aux intéressés des instructions écrites, précises et s’il y a lieu motivées en droit et en fait.
– a demandé instamment que les contrôles exercés par toutes les autorités de police le soient dans le respect des libertés individuelles et dans les normes de la dignité humaine.
– a invité les autorités communales à prendre des ordonnances communales interdisant toute manifestation de racisme, d’antisémitisme ou de xénophobie ou incitant à. une telle attitude à l’instar de la proposition de loi actuellement à l’étude au parlement ayant le même objectif au plan national.
– a souhaité que la politique du logement tienne compte d’une volonté d’intégration de la population immigrée, notamment en décourageant la création ou le maintien de ghettos.
– a encouragé toute initiative visant à l’encadrement de la jeunesse durant les garderies scolaires ou, en dehors des horaires scolaires, dans des centres proches du domicile. Un cadre d’animateurs composé notamment d’immigrés, à recruter sur une base pluraliste parmi la population des quartiers serait à développer.
– Encourage l’organisation de manifestations socioculturelles à destination des immigrés et des Belges afin de favoriser la coexistence de ces populations.