A la rencontre de Zayneb et de sa fille Hajar

Témoignagne d’enfants. ’Enfants et racisme’ (1987)

Ci-dessous, nous publions quelques rédactions-réactions d’enfants de différentes écoles de Bruxelles, concernant le racisme.

Le racisme

Tout d’abord, je tiens à signaler que je ne suis pas raciste mais…
Il y a des voyous belges, comme il y a des voyous étrangers. Mais c’est plus fréquent d’entendre ou de lire des journaux où ils indiquent qu’il y a plus de meurtres ou de viols faits par des étrangers. Je m’entends bien avec les Belges de couleur et la religion, n’importe.
Mais je crois que je n’épouserai jamais un Tunisien ou un Marocain ou un Turc. C’est comme ça.
Si je suis raciste, c’est pour ceux qui sont dans notre pays, sinon les étrangers de leur pays ne me dérangent pas.
Je n’aime pas tellement ce sujet de rédaction, car je ne pense pas beaucoup au problème du racisme.

Le racisme

Pourquoi haïr des êtres qui comme nous ont les mêmes pensées, les mêmes désirs et le même besoin d’amour ?

Dans notre cas c’est en 56 que tout a commencé quand mes parents sont venus pendant la révolution hongroise se réfugier ici en Belgique. Mon père me disait qu’ils ont été accueillis par des étrangers et non par des Belges. Pour mes parents, la vie va être très dure. Pour commencer mon père va travailler là où tout étranger est accueilli à bras ouverts : dans la mine. Le revenu est maigre et cela posera des problèmes pour mes parents quand mon premier frère viendra au monde. Ma mère ne pourra pas nourrir mon frère de son lait, étant mauvais, ils devront en acheter. Sans argent cela sera difficile. Mais là mon père va se lancer dans une chose qui va nous sauver de la misère. Suite à une annonce dans le journal, mon père se décide à aller se présenter. Le travail consistait à repolir une table de nuit antique. Mon père va accepter sans se rendre compte qu’il avait affaire à un ébéniste, finisseur, polisseur et de plus expert. Après toute une nuit de déshydratation totale pour avoir craché sur cette table pour la faire briller avec ses copains et ma mère ; ils mettront soigneusement la table près du chauffage pour qu’elle sèche. Quel travail d’amateur !
Par la chaleur, le bois travaille et finit par se bomber. N’étant pas expert en la matière mon père ne voit qu’une solution : dire la vérité au client.
Pris d’émotion par l’embarras de mon père, l’ébéniste pour le punir va lui donner des cours gratuits sur le polissage. Non seulement mon père commençait à apprendre un métier mais de plus il était payé chaque semaine. Au fil des années, ayant acquis un peu la langue et le métier mes parents travailleront dans une fabrique de meubles anciens. Depuis ce jour mes parents ont commencé à avoir des amis belges.

Toute cette lutte pour avoir un peu de considération de la part des Belges.
Ma mère refuse que je parle hongrois devant des Belges de peur que je ne détruise tout ce qu’ils ont monté en 20 ans.

Le racisme a des origines qui sont basées sur des conditions sociales. Jamais je n’aurais pu avoir tant d’amis belges si j’habitais encore le quartier du Midi et que mon père travaillait dans la mine.
Mes parents en luttant toutes ces années ont pensé à nous avant tout et non à eus d’abord.

Enfants de tous pays

Je n’ai pas de problèmes en Belgique, on ne m’a jamais rien reproché.
Il y a longtemps les Belges avaient besoin des étrangers. Maintenant qu’ils n’en ont plus besoin, ils renvoient les étrangers dans leur pays. Moi, je n’aimerais pas que l’on me renvoie au Maroc, ça me ferait de la peine car je suis née en Belgique.
La Belgique était un pays accueillant maintenant elle ne l’est plus.
Quand je rentre chez moi au Maroc, je ne me sens pas chez moi.
Quand je reviens en Belgique, je retrouve mes amis, je me sens mieux. La Belgique pour moi c’est mon pays natal. Je ne tiens pas à le quitter.

Le racisme

Pour moi le racisme ne devrait pas exister car toutes les personnes de la terre sont identiques, à part que l’aspect physique est différent (chinois, noirs d’Afrique).
En Belgique, il y en a beaucoup trop qui sont racistes. Moi, je ne le suis pas. D’autant plus qu’il peut y avoir des étrangers très gentils, très sympas. Evidemment ils exagèrent parfois, mais les Belges aussi exagèrent plus souvent que les étrangers. De plus, ils profitent de la présence des étrangers dans notre pays pour leur mettre tous les problèmes sur le dos, tel que le chômage.
Pour ma part, je trouve cela honteux d’autant plus que les étrangers ne peuvent pas se défendre puisque la plupart des gens qui pourraient se charger de les défendre sont eux-mêmes racistes. Enfin je le crois !
Je n’aimerais pas beaucoup être étranger pour le moment, car peut-être pas à l’école, mais dans la vie en dehors, je serais peut-être délaissée mais je ne sais pas très bien l’expliquer étant donné que je ne suis pas étrangère.