A la rencontre de Zayneb et de sa fille Hajar

Vigilance et action allocution de Mme Jospa (1989)

Lors de l’Assemblée générale du 24 janvier dernier, Madame Yvonne Jospa a annoncé son intention de démissionner de la charge de présidente qu’elle assurait depuis de longues années avec la présence, la lucidité et la combativité que l’on sait.
Elle le fit en ces termes : « Etant donné que j’ai quelques dizaines d’années, il est temps de laisser la place à quelqu’un de plus jeune ». C’est chose faite depuis le mercredi 8 février. Le Conseil d’Administration a accepté la démission de Madame Jospa et a désigné, à l’unanimité, Simone Lucki comme présidente. Celle-ci a déclaré accepter la tâche avec enthousiasme et pleine conscience de son ampleur. Elle a rendu hommage à Madame Jospa qui a porté cette présidence pendant plus de vingt ans, les membres du Conseil d’administration s’associant à cet hommage.

La simplicité volontaire avec laquelle cette « passation des pouvoirs » s’est faite, -dont une des raisons est la continuité de la présence active de la présidente sortante qui, si elle assure l’avenir, ne se retire certes pas du combat d’aujourd’hui ; -cette trop grande simplicité ne devrait dissimuler à personne l’immense gratitude, l’admiration et l’amitié que tout le MRAX -Conseil d’administration, permanents, membres – porte, – pour citer une phrase du rapport d’activité du 27 janvier- à « celle qui occupe le bureau du fond et, à tant de titres, personnifie « le MRAX de tous les jours », comme aussi bien « le MRAX sur tous les fronts » et « la politique du MRAX ».

Tout le MRAX aussi dit sa confiance à la nouvelle présidente, dont le talent, l’engagement et l’écoute font présager les meilleures conditions pour la continuité d’un combat aussi difficile qu’indispensable.

Jusqu’au dernier moment, nous nous sommes demandés si les travaux en cours nous permettraient de recevoir aujourd’hui dans nos locaux. J’ai pensé personnellement que vous, qui avez toujours tant partagé avec nous, partageriez aussi sans problème leur inconfort et quelques relents de poussière.
Je vous remercie tous d’être ici. Je remercie aussi ceux qui nous ont exprimé le regret de ne pouvoir être présents.

L’année 88 s’est écoulée avec son poids d’espérances, d’illusions et de risques ; notre secrétaire général Jean-Marie Faux vous en rendra compte.

Quant à moi, j’aimerais réfléchir avec vous sur le fait que nous sommes actuellement à un tournant de l’histoire, à un remodelage de l’Europe qui nous cause à la fois espoir et inquiétude. L’échéance de 1993 nous oblige à une grande vigilance quant à l’application réelle et efficace qui sera faite des Droits de l’Homme au-delà de toutes les célébrations auxquelles nous avons assisté récemment. Vigilance et action.

Je pense à des points aussi importants que le droit d’asile, le statut des réfugiés politiques, la libre circulation des non-communautaires résidant en Europe, le statut de la femme immigrée et l’ensemble des problèmes sociaux auxquels nous sommes confrontés quotidiennement et qui, à ce jour, à notre connaissance, n’ont pas encore été abordés.

Il me semble important que nous prenions tous ensemble les risques et les chances que cette attitude comporte pour ouvrir la voie à une Europe réellement sans exclus.

C’est une lutte qui demandera audace et persévérance et à laquelle il faudrait absolument associer toutes les populations, qu’elles soient autochtones ou immigrées, dans une véritable participation démocratique au pouvoir.
Ce travail doit être entrepris dès aujourd’hui : nous devons en effet sensibiliser et la population et les candidats aux élections européennes de juin prochain. C’est un travail énorme que chacun mènera sur son terrain propre selon ses moyens.

Sachant à quel point Anne-Marie Lizin, Ministre et Secrétaire d’Etat à l’Europe 92, partage nos préoccupations à ce sujet, nous lui avons demandé, et elle a bien voulu accepter, de nous parler de « l’Europe sans exclus ».
Nous espérons qu’après son exposé, elle répondra aux questions éventuelles posées par " Assemblée.

Madame Jospa